Pêche

Issue d’une longue tradition en Corse, la pêche au corail rouge n’en est pas moins strictement réglementée. Sur l’ensemble de l’île, la Direction des Affaires Maritimes n’a attribué que 10 dérogations.
Actuellement, seul le corail rouge (Corallium rubrum) est inscrit à une convention internationale (annexe III de la Convention de Berne) et à une législation multi-gouvernementale (annexe V de la directive « Habitats » de l’Union européenne), indépendamment des limites d’extraction imposées par certains pays.
C’est une pêche exigeante, qui nécessite de descendre parfois à -100 m de profondeur avec des courants réputés violents dans les Bouches de Bonifacio.
Dans les années 80, on estimait la quantité de corail rouge pêchée en Méditerranée a environ 70 tonnes par an, dont 5 à 6 tonnes pour le littoral français.
La pêche sélective réalisée par le corailleur, s’apparente à une cueillette permettant au corail de se régénérer contrairement aux pêches aveugles effectuées jadis par des chalutiers appelés Corallines.
En effet, si pendant longtemps les plongeurs descendirent en apnée pour le récolter, à partir du XVIIIe siècle et jusqu’à la fin des années 70, la pêche se fit avec des embarcations qui traînaient des engins sur le fond. Malgré leur interdiction en 1980, pendant une douzaine d’années et en toute illégalité, ces chalutiers ont véritablement dévasté les fonds marins corses en utilisant notamment la croix de Saint-André, barre de fer lestée de chaînes sur lesquelles sont attaché une trentaine de mètres de filets (appelés fauberts), traînée jadis par le bateau sur des fonds de 80 à 150 mètres, brisait les colonies de corail qui s’émaillaient dans ses filets traînants. Les dégâts sur les fonds sont très importants, c’est une destruction totale de l’écosystème sous marin. Les nuages de vases engendrés par le passage de ce « buldozer du fond des mer » se déposent sur les roches et créent une absence de photo synthèse laissant derrière eux un univers irrémédiablement lunaire.
L’estimation de la récolte par un tel engin représentait seulement 30 % du corail détruit. Quel saccage !
De nos jours, la récolte se pratique essentiellement en scaphandre autonome. Le corailleur peut collecter jusqu’à 200 à 300 kg par an, en 200 plongées environ. Cette méthode est évidemment beaucoup plus sélective et ne seront ramassées que les grosses branches (supérieures à 7 mm de diamètre) dont la valeur marchande est plus importante. Ainsi les colonies peuvent continuer à se reproduire. Malheureusement, certaines techniques de bijouterie permettent, à partir de fragments non exploitables en taillerie mais réduits en poudre, de reconstituer grâce à des résines synthétiques un morceau de corail. Ces méthodes sont la porte ouverte à un ramassage de petites branches jusqu’ici non commercialisables, avec un risque non négligeable d’éradication locale des colonies.

Transformation

« Aphrodite Créations » est le nom de l’atelier dans lequel l’or rouge récolté par le corailleur est transformé en bijoux. Le sculpteur aussi passionné qu’inventif réalise des pièces uniques.
Le corail noble que nous trouvons en Corse et principalement en Méditerranée n’a rien de comparable avec les coraux des mers chaudes que l’on trouve même à faible profondeur et, qui ont une valeur marchande en décoration principalement.
Il se travaille comme une pierre dure contrairement aux coraux qui sont pleins de porosités et ne permettent pas l’élaboration de sculptures.
Plusieurs étapes sont nécessaires à l’élaboration de bijoux et de sculptures : Le corail est lavé à l’aide d’eau de javel dans une machine à tambour.
La peau, c’est à dire 20% du poids, est ainsi éliminée. Puis on découpe des tronçons à la scie circulaire sous un filet d’eau. Leurs contours sont ensuite régularisés par meulage. Le corail se travaille avec certains instruments utilisés par les dentistes tels que forets, fraises, scies à eau, meules et polisseuses, le corail ne se travaillant pas à sec.
Toutes les pièces, sauf les boules, sont percées avant de subir leur élaboration à la main.
L’ébauchage se fait à main levée après avoir monté le morceau sur une épingle piquée dans un manche en bois.
Après avoir subi le polissage d’abord dans la machine à tambour puis au tonneau et le triage par grosseur, le corail est ensuite réparti par qualité et couleur. Vient enfin l’enfilage, réalisé à partir de stocks pour pouvoir satisfaire la demande de la clientèle.
La fabrication des perles de corail rouge dans une machine spécialement conçue à cet effet, nous permet d’utiliser environ 50% du produit brut de la pêche. Les 50% restants serviront à élaborer en fonction de la pureté, du diamètre, de la couleur et de la forme que la nature a donné à la matière, diverses sculptures ou objets, allant du pendentif, aux boucles d’oreilles en passant par des bijoux aussi variés qu’originaux.
A la fin du 19e siècle, Torre del Greco, petite ville voisine de Naples, devient la capitale du travail du corail et en expédie dans le monde entier, en particulier aux Indes, à Madras et Calcutta.

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